Cela se déroulait dans les monts du Macônnais, dans un cadre splendide mais avec une météo peu favorable et un terrain difficile. (Si difficile qu’ils furent plusieurs à en rechausser leurs chaussures ! )
Comme d’habitude, entre jeûneurs, la discussion porte souvent sur l’alimentation.
Alors, on tourne autour des aliments, on soupire, on sourit, on se regarde. Les sentiments sont mêlés : grande fatigue et joie d’être rentré, fierté d’avoir réussi et inquiétude à l’idée de revenir dans la vie normale, soulagement de manger enfin et envie de ne pas manger.
Pour Théo le treckeur, c’est la fierté d’être allé jusqu’au bout
– Donc je m’appelle Théo. J’ai 25 ans, je suis en reconversion vers le maraîchage et vers d’autres activités qui tournent autour de cela. Et c’est comme ça que cette super aventure du Jeûne et Treck, je l’ai découverte sur youtube : à partir de vidéos sur le maraîchage, l’algorithme youtube m’a amené jusqu’à une vidéo du film La Marche sans faim de Florian Gomet. Florian expliquait que lui, pour jeûner, il avait besoin de marcher. Cela m’a parlé. J’avais déjà eu envie de jeûner plusieurs fois. J’avais déjà essayé seul mais c’était vraiment trop dur. J’ai craqué. J’avais regardé les propositions de la FFJR mais les prix étaient trop élevés. Du coup, j’ai tout de suite postulé quand j’ai vu la proposition de Florian.
– Tu savais que tu allais être retenu ?
– Je randonne beaucoup, des journées de 30-40 kms avec pas mal de dénivelé. J’ai traversé les Pyrénées en solitaire. La marche, ça ne me faisait pas peur.
– Comment t’es-tu préparé ?
– Je me suis entraîné sur les sentiers cathares. J’ai suivi les recommandations de Florian de près. J’ai fait les journées d’entraînement sans manger. D’ailleurs, elles m’ont semblé plus difficiles que pendant le treck, peut-être parce que j’avais encore le ventre plein de la veille.
– Et ton équipement ?
– J’ai préparé des vêtements chauds car les conditions climatiques me faisaient un peu peur. J’avais vu la météo prévue…
– Mon sac pesait 10kgs, mais grâce à ça je n’ai pas eu froid. je ne regrette pas.
– Tu avais mis quoi dedans ?
– Dans mon sac ? Ma tente, mon duvet, des vêtements pour me couvrir, un drap, un matelas et c’est tout. Il n’y avait pas le poids de la nourriture et surtout, il n’y avait pas le poids de la question de la nourriture.
– La « question de la nourriture », ça pèse lourd ?
– Oui, j’ai trouvé cela vachement libérateur de ne pas avoir à se demander ce qu’on allait manger le soir, où est-ce qu’on allait trouver de la nourriture. Là, la question ne se posait pas. Le mental tourne beaucoup moins de ce fait. On est tranquille.
– Et le soir, ça ne faisait pas bizarre de ne pas manger ?
– Le soir, on n’y pensait même pas. On avait juste envie d’être dans la tente et de se reposer. C’est peut-être grâce à la purge, je ne sais pas.
– Je vois que tu as marché en Five Fingers.
– Oui, j’ai hésité car j’étais plutôt habitué à mes bonnes chaussures de randonnées. Florian nous conseillait des sandales légères mais j’ai préféré ça. J’étais pieds nus dedans, ça allait bien pour la journée. J’avais hésité à prendre des crocs mais je sis content de ce choix, sauf que je constate qu’elle sont déjà un peu décousues. Et pour le soir, j’avais pris des bonnes chaussettes de ski.
– Ton ressenti en ce dernier jour ?
– J’éprouve de la fierté de l’avoir fait, mais en fait j’ai l’impression que ce n’est pas encore fini. Là, je suis encore dedans. Je crois que ça va durer tout le temps de la reprise alimentaire. Et plus longtemps peut-être encore.
– Merci Théo, je te laisse déguster ton jus de fruits en paix.